Pentti Sammallahti, Finlande, 2002

Il y a, chez Pentti Sammallahti, une permanence dans l’expression presque contemplative, paisible, de la nature. Ses photographies de Finlande ou de Russie semblent plongées dans un hiver sans fin, solitude, âpreté et douceur mêlées, frissons, neige, brume, miroirs des plans d’eau, reliefs de roche.

Cependant, parfois, tout repose dans un équilibre délicat, presque précaire. Tout ne tient, miraculeusement, qu’à un fil.

Ici, l’arbre noir, si noir qu’il semble n’être qu’une silhouette, vient écorcher la pâleur velouté de l’image silencieuse. A l’arrière plan se devinent, sous le voile cotonneux de l’épaisseur de l’air, la ligne hachurée d’une palissade et l’entrelacement des branchages engourdis, graciles et nus. L’arbre se métamorphose en idéogramme. L’énorme branche, arrachée, comme échouée là, mémoire de la fureur d’une ancienne tempête, repose parfaitement à angle droit du tronc. Posés, de part et d’autre du gigantesque perchoir, deux oiseaux. Complices dans l’accord parfait qui les unit, ils semblent en garantir l’équilibre.

Au moindre bruissement d’ailes, alors, tout s’effondrera.

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo