Robert Doisneau, Mademoiselle Anita

Mademoiselle Anita
© Robert Doisneau

La fille est là. Assise. Seule.

Elle a vraiment l’air seul, avec son petit minois de chaton. Elle a mis une jolie robe. Peut-être sa plus jolie. Celle qui montre son pas d’épaules.

Elle a l’air un peu triste, avec son pauvre sourire et ses yeux qui brillent. Après, les perles. Comme des larmes autour de son cou.

Parce qu’elle est pas le genre à se laisser aller, avec son front buté. Elle s’est faite belle, ce soir. Elle a passé ses mains dans ses cheveux, devant le miroir, pour avoir l’air coiffé, mais pas trop.

Elle l’attend, et il ne vient pas. Parce qu’elle attend un homme. Qu’elle connaît. Ou pas encore. Mais elle l’attend, j’en suis sûre. Un homme qui l’aimera, un peu. Qui mettra son bras autour de ses petites épaules nues.

Elle attend qu’il arrive. Peut être pas ce soir.

Elle coule un regard en dessous, pour le voir arriver.

Mademoiselle Anita. Une des seules anonymes photographiées dont chacun sait le nom. parce qu’un homme, Doisneau, est arrivé. Il a tout vu, la jolie robe, le sourire triste, les yeux humides. La fille seule.

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo

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