[La photographie] ça m’est venu du ventre.
Quand je fais une photo, je fais très vite, quand j’ai l’émotion, le plus souvent en marchant… Même si c’est interdit ou dangereux, comme dans certains quartiers de New York, je ne peux pas m’empêcher de la prendre. Je suis toujours très proche ; cela crée des relations. Ensuite, je souris de toutes mes dents et je dis merci.
On la destinait au métier de couturière, elle est devenue photographe. Ses tirages Fresson ont la douceur et la sensualité du velours et sa palette chromatique l’intemporalité des autochrome. Ses images tremblées, glanées à New York, Paris, en Syrie, en Espagne, ou même dans le métro, sont autant de fenêtres qui laissent celui qui regarde s’inventer des histoires. Elles sont propices à la rêverie et à la fiction. Elle sait les métamorphoses et opère des envoutements d’éléments quotidiens, qui pourraient être insignifiants, pour livrer des images qui semblent souvent prises entre chiens et loups et semblent échappées de quelque monde fantastique, hantées de présences spectrales. Il ne faudrait pas y voir un simple effet de séduction, mais bien au contraire la somme de ses émotions, intenses et fulgurantes, et sa capacité à retenir des instants suspendus, jamais décisifs, comme des apparitions fugaces qui passent sous nos yeux avant de s’évanouir.