Klavdij Sluban

Pourquoi êtes-vous photographe ? Si j’étais Beckett j’aurais dit « bon qu’à ça ». Pour moi c’est une manière de choisir un langage autre que celui de la langue parlée.

Si vous manquez d’intuition, abandonnez la photographie.

S’il fallait définir Klavdij Sluban, on pourrait dire qu’il est un photographe voyageur. De ses longues traversées (mer Noire, Caraïbes, Balkans, Chine, la Russie, îles Kerguelen…), il montre des images sensibles confiant parfois à l’abstraction, qui sont un lent cheminement entre réalité et sentiment intérieur, où il semble sans cesse en quête de lumière au cœur de l’obscurité.
Il y a dans l’œuvre de Klavdij Sluban quelque chose de la saudade, de ce sentiment si difficile à exprimer dans une autre langue. Ce mélange de nostalgie, de mélancolie, cette longueur du temps qui s’écoule, cette langueur aussi. Ce sentiment des déracinés. Quelque chose de la perte et de la reconquête. Allers-retours.
Chacune de ses images dit autant de ce qu’il a photographié que de lui-même. Il laisse son empreinte et déteint dans chaque image, dans ses voyages, ses trajets.
Dans La disparition des lucioles, Denis Roche écrit : Mais de même qu’il ne saurait y avoir de photographies de la littérature, il ne saurait y avoir de littératures de la photographie, car la « littérature » de la photographie, c’est la photographie elle-même. Rien ne saurait mieux décrire l’œuvre de Sluban.

© Klavdij Sluban
© Klavdij Sluban

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo