Helen Levitt, New York, 1980

HelenLevitt.jpg
© Helen Levitt

Since I’m inarticulate, I express myself with images.
Helen Levitt

On connaît plus d’Helen Levitt son travail en noir et blanc des années 1940. Les graffitis, les familles, les gosses surtout, ceux des quartiers populaires de New York jouant dans les rues un peu miteuses, devant les façades décrépies. Cette vie désordonnée, qui s’agite, qui grouille, malgré une ville qui, en toile de fond, paraît un peu hostile. 

Son œuvre rassemble autant d’accidents, de coïncidences infimes et poétiques, de petites énigmes quotidiennes. La grâce et le sérieux des deux enfants, fillette blanche, petit garçon noir, dansant un flamenco passionné. Trois autres encore, sur le perron de leur immeuble, affublés de leurs masques bricolés pour Halloween.

Dans l’image de 1980, la rue est désertée, des poubelles défoncées sont agglutinées contre un mur, quelques papiers gras traînent, les voitures semblent avoir pris possession du terrain de jeux des enfants. Tout est partiellement hors champ, sauf la fillette au premier plan qui semble enclavée entre la voiture verte et le trottoir.

Mais que fait cette gamine dont on devine à peine la visage qui se reflète dans le miroitement de la gente, désarticulée, accroupie, seule, dans le caniveau? Curieusement, dans la photographie aux couleurs douceâtres, le monde paraît soudain presque désenchanté.

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo