Miroir, mon beau miroir

Studio Reutlinger 1890-1900: © Guy Bourdin
Studio Reutlinger 1890-1900/ © Guy Bourdin

Dios ha creado las noches que se arman
de sueños y las formas del espejo
para que el hombre sienta que es reflejo
y vanidad. Por eso nos alarman.
Jorge Luis Borges, Los Espejos.

On nommait le daguerréotype le « miroir avec mémoire ». Nombre de portraits de femmes devant des miroirs jalonnent l’histoire de la photographie. La manoeuvre, habile (mais qui n’est pas une invention de la photographie, l’iconographie picturale l’avait déjà très largement exploitée), permet de montrer deux femmes en une, de satisfaire la vanité des coquettes de se voir ainsi déclinées avec la garantie d’un double reflet (la photographie et le miroir) qui ne déclinera pas. Petite résistance dérisoire : « Je vous livre le secret des secrets. Les miroirs sont les portes par lesquelles la mort vient et va. Du reste, regardez-vous toute votre vie dans un miroir, et vous verrez la mort travailler, comme des abeilles dans une ruche de verre.* »

* Heurteubise à Orphée, in Orphée, Jean Cocteau, 1950.

Dr. Heisenberg Magic Mirror of Uncertainty, 1998 © Duane Michals
Dr. Heisenberg Magic Mirror of Uncertainty, 1998 © Duane Michals

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo