Hiroshi Sugimoto, Seascapes

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© Hiroshi Sugimoto
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J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges. (…)
Enfin, ô bonheur, ô raison, j’écartai du ciel l’azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d’or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible :
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité.
C’est la mer mêlée
Au soleil.
Arthur Rimbaud, Alchimie du verbe.

Une longue série de photographies. La mer, le ciel, ici, ou ailleurs. Rien de plus.
Hiroshi Sugimoto crée une unité de lieu (la mer, toujours recommencée, inachevée et inachevable) et donne à voir un partout et un nulle part, un non lieu en somme. De l’eau, de l’air, une plongée soudain dans des éléments qui se rejoignent et se confondent, un horizon. Ce n’est plus « la mer », mais la confrontation, à la fois monstrueuse – car elle nous repousse, nous engloutit et nous submerge – et paisible – car elle nous attire, nous comble et nous inonde – à une dimension originelle qui nous dépasse et nous excède. Le plein et le vide tout à la fois. Alors, les images nous saisissent et nous font sombrer avec violence et douceur pourtant, en un incessant mouvement de flux et de reflux, engloutis, infiniment fluctuants, naufragés de nous-mêmes.

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo