Mary Ellen Mark, Usman avec son fils, Jumbo Circus, Bombay, 1992

mem.jpg
© Mary Ellen Mark

Un nain au maquillage de clown, petit chapeau vissé sur la tête, les pieds extraordinairement minuscules, passe devant l’objectif. Dans ses bras, un petit enfant gras, à demi nu, les yeux cernés de kohol, pose doucement sa main sur la joue de l’homme (la légende nous l’apprend, c’est son père). Derrière lui, incertain, tout au fond, ce qui semble être un chapiteau rapiécé. Entre le chapiteau et l’homme, un chemin, pas très long, mais un chemin malgré tout. Et l’on comprend que l’homme a parcouru tout ce chemin. Et il est si étonnamment chétif, tordu, fragile. Pourtant, il porte délicatement, tendrement, l’enfant déjà lourd, l’enfant beau comme une idole, son enfant qui est si singulièrement son exact contraire, qui semble si lourd à ses bras et qui rend encore plus outrée la difformité du père.

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s