Richard Avedon, Marilyn Monroe, actress, New York, 1957

Avedon-Marilyn
© Richard Avedon

I knew I belonged to the public and to the world,
not because I was talented or even beautiful,
but because I had never belonged to anything or anyone else.
Marilyn Monroe

Marilyn Monroe, peut-être la première femme devenue produit de consommation industrielle et médiatique. Paroxysme de la femme-objet, de l’icône sexuelle.
Mais au-delà du glamour hollywoodien, de l’exploitation de son corps, de son image démultipliée, partout déclinée, épuisée sans jamais parvenir à l’écœurement du public, elle est l’objet de toutes les impudeurs, des curiosités les plus indécentes. Traquée sa vie durant jusque dans ses retranchements les plus secrets. Disséquée après sa mort, de ses carnets intimes à sa vie sexuelle, de ses séances de psychanalyse à ses problèmes gynécologiques, de sa vie amoureuse à son autopsie.
Marilyn est un objet, partagé de tous, consommable à merci, insatiablement livré en pâture à des spectateurs qui se repaissent d’elle avec des raffinements d’entomologiste et un appétit féroce.
Dans ce magnifique portrait de Richard Avedon, elle semble effarée. Je ne crois pas qu’elle pose. Je crois qu’il l’a vue et saisie dans un moment d’abandon, les bras ballants, les seins trop lourds, avec son regard flottant dans le vide, perdu, douloureux, presque effrayé. Elle a déposé les armes, plus d’artifices, plus de représentation. Elle n’est plus désirable, soudain plus consommable. Lointaine et pourtant concrète. Pour une fois, peut-être la seule dans la masse d’images existantes de Marilyn, elle n’est plus objet mais véritablement sujet.

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo