David Jiménez

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© David Jiménez

Dépourvue de toute intention descriptive ou narrative, les photographies de David Jiménez sont aussi insondables que vertigineuses.

Je les scrute et n’y trouve aucune trace de l’ici et maintenant : aucun détail du quotidien ne vient me donner d’indice, tout y est fragmentaire autant qu’originel (pierres, ciels, horizons…). Atemporelles, ses images pourraient être d’hier, d’aujourd’hui ou de demain, qu’importe. Peut-être font-elles partie d’un monde qui n’existe pas encore ou n’a jamais existé ? Elles proviennent de réel, certes, mais n’y ont pas d’adhérence. Il y est plutôt question de la lumière s’abimant sur le monde, tantôt à la lisière de l’obscurité, tantôt dans le trouble de l’éblouissement.

Economie du visible. Ses images dépouillées souvent proches de l’abstraction jouent sur les limites de la perception. Elles sont liminales, se tenant en un équilibre fragile au seuil du perceptible, sur un fil insaisissable, qu’il s’agisse du visible, du tangible ou de l’intelligible.

Photographe funambule.

Pour David Jiménez, la photographique semble être un outil de recherche et de spéculation entre doute, vraisemblable et possible. Son œuvre est patiente, méditative, faite de sensations, de métaphores et de suggestions. Ses images sont comme des songes éveillés, des apparitions où l’on retient son souffle, un temps précieux et arrêté d’entre-deux, comme les battements d’ailes qui jalonnent souvent ses photographies.

Il joue savamment de l’entre-deux, de l’inframince, dans ses expositions ou ses livres, lorsqu’il construit un langage poétique en agençant ses photographies en diptyque ou en créant des associations, des constellations, des rencontres, des dialogues ouverts. C’est dans cet intervalle ténu entre les images que s’immisce la quête du sens et de la forme. Rien d’emphatique ou de retentissant, rien de didactique non plus : alors s’ouvre un passage vers un état perceptif singulier, une invitation à l’imaginaire où je trace ma propre route dans le champ des possibles d’un entrelacs de lectures/interprétations évasives que recèlent ces respirations entre les images.

Publié par

Caroline Benichou

Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d'erreur, car c'est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie... Julio Cortazar, Las Babas del Diablo